Notre regard sur la situation :
Un déclenchement des secours pour une plaie à l’arme blanche de nuit fait passer les intervenants par différents stades :
1. La montée en tension, lors de la représentation du contexte de la scène à laquelle ils sont susceptibles d’être confronté, où l’imagination propre à chacun nous emmène dans différents scénarios.
2. Un premier regard difficile dans un environnement sombre et potentiellement dangereux.
3. Un phénomène «d’ascenseur émotionnel» lorsqu’à l’arrivée sur les lieux le tableau clinique est très différent de ce que l’on s’était imaginé.
On arrive alors dans une zone de réassurance où les pressions retombent. Associables à l’effet tunnel, cette succession d’émotions modifie pourrait nous limiter dans nos réflexions et notre objectivité.. De la même manière qu’il est important de refaire le point de la cinématique et de la cinétique sur un accident de la route. L’angoisse de mort imminente est elle aussi à ne pas négliger mais tout à fait légitime dans ce contexte violent. Dans tous les cas, il est important de garder à l’esprit que même dans des conditions rassurantes, une surveillance poussée de la victime et une préparation à une éventuelle dégradation rapide et brutale doit être conservée. On a très souvent entendu qu’«Il n’existe qu’un seul type de patient définitivement stable : le patient mort» ?
Si le patient est stable, le régulateur peut organiser, durant le transport, un accès direct au scanner afin de faire le bilan de cette plaie pénétrante. En cas de patient instable, le patient arrivera directement au bloc opératoire (il est donc important de prévenir le chirurgien en amont pour qu’il puisse attendre le patient avec son équipe prête). Selon les traumas centers et les régions, il est même admis que toutes les plaies thoraciques pénétrantes (même non hémorragique et stable) sont accueillies et réévaluées au déchocage avec un réanimateur +/- chirurgien thoracique.
Pour les médecins : Ce genre de situation est propice au Scoop and run (patient stable, traumatisme sévère, proche d'un centre hospitalier). Le Scoop and run combine : une évaluation complète mais rapide, un bilan d'ambiance au régulateur et un conditionnement rapide du patient. Les premiers soins seront effectués "au chaud" dans le V.S.A.V. Les soins effectués en Scoop and run doivent être simples à réaliser, rapides et vitaux. Tout doit être fait en moins de 10 minutes pour que le patient soit le plus rapidement possible en sécurité dans un centre de soins. Seuls les soins lui permettant de rester stable pendant le transport seront fait. Dans cette situation on conseille : un pansement 3 cotés sur la plaie, un remplissage avec des cristalloides < 1.5L et 1g d'Acide Tranexamique. La FastEcho peut être faite en roulant.
La communication avec le régulateur est primordiale. En se basant sur l’évaluation, c'est ce dernier qui vous orientera sur le bon centre, par le bon vecteur et qui préparera l'aval. Cette coopération permet au médecin sur place de ne se concentrer que sur son patient. Bien sûr, les constantes, l'état clinique et l'Hémocue® du patient doivent être réévalués tout au long du transport du patient jusqu'au centre de soin d'aval. Toutes modifications importantes doivent être transmise au régulateur.
Si le patient est stable, le régulateur peut organiser, durant le transport, un accès direct au scanner afin de faire le bilan de cette plaie pénétrante. En cas de patient instable, le patient arrivera directement au bloc opératoire (il est donc important de prévenir le chirurgien en amont pour qu’il puisse attendre le patient avec son équipe prête). Selon les Traumas Centers et les régions, il est même admis que toutes les plaies thoraciques pénétrantes (même non hémorragiques et stables) sont accueillies et réévaluées au déchocage avec un réanimateur +/- chirurgien thoracique, prévenus par le régulateur. La quantification du saignement est, un piège pour le SMURiste. C'est une perte de temps et cela peut parasiter l’intervention.
Il est important de se fier au patient, à la clinique et au retentissement de cette perte sanguine sur le patient. L’objectif doit être que le patient tolère cette perte et non de la compenser volume à volume. Or cette tolérance ne sera pas affichée au sol mais sur le scope et sur le patient. Autrement dit, qu'il y ait une grande flaque de sang ou quelques gouttes au sol, les soins ne changeront pas. L'important est que ce patient, qui souffre d'une plaie transfixiante intra thoracique, doit arriver au plus vite, vivant et de préférence stable au centre d'aval.
L'estimation de la perte sanguine sera obtenue secondairement par N.F.S. et permettra d'organiser une transfusion si nécessaire chez un patient stable. Si le patient est d'emblée instable, on ne se fiera pas à votre évaluation des pertes au sol pour transfuser, on passera autant de culot que nécessaire pour le stabiliser. Comme le dit l’adage : "un bon SMURiste n'a pas les mains dans le sang mais les mains dans le dos". Il est important de faire le minimum de soins techniques pour avoir le temps de réfléchir et de prendre du recul. Il faut essayer de ne pas être parasité par les détails et aller à l'essentiel : la survie du patient.
Enfin, toute plaie thoracique pénétrante causée par un tiers doit faire l’objet d’un certificat médical initial descriptif des lésions par le médecin prenant en charge le patient (souvent réalisé par le médecin des urgences et non le SMURiste). Celui-ci à une valeur médicolégale indispensable en cas de plainte du patient ou de sa famille en cas de décès de celui-ci.