Les signes cliniques d'intoxication aux benzodiazépines incluent :
- Une sédation et somnolence : Ce sont des signes précoces et fréquents, évoluant souvent vers un coma.
- Une altération des réflexes : Une diminution des réflexes ostéotendineux est fréquemment observée, accompagnée d'une hypotonie musculaire.
- Une ataxie : Trouble de la coordination motrice, se manifestant par une démarche instable et des difficultés à maintenir l'équilibre.
- Une dysarthrie : Trouble de l'articulation de la parole, rendant celle-ci incohérente ou ralentie.
- Un nystagmus : Mouvements oculaires involontaires, souvent bilatéraux et horizontaux.
- Une hypotonie musculaire : Diminution marquée du tonus musculaire, contribuant à des difficultés de mouvement.
- Une dépression respiratoire : Dans les cas graves, bien que moins fréquente, elle peut survenir lors de prises massives ou en association avec d'autres dépresseurs du système nerveux central (SNC), tels que l'alcool ou les opioïdes.
- Une hypotension : Elle peut se manifester dans les cas plus sévères, en particulier en présence d'autres substances dépresseurs cardiovasculaires.
Contrairement à d'autres intoxications médicamenteuses volontaires, la consommation isolée de benzodiazépines n'entraîne généralement que peu d'effets pupillaires, se traduisant parfois par une légère mydriase.
En cas d’inconscience du patient accompagnée de signes de détresse respiratoire, d’hypotension ou d’un risque d’inhalation, l’administration d’un antidote, le Flumazénil, peut être envisagée. Ce dernier agit comme un antagoniste compétitif des benzodiazépines et de leur 5 mécanismes d’action, en se liant aux récepteurs GABA-A (Gamma-Amino-Butiric Acid), inhibant ainsi leurs effets.
Cependant, l’administration de Flumazénil comporte des risques, notamment celui d’induire une crise convulsive épileptogène. Par conséquent, son utilisation doit être prudente chez les patients épileptiques ou ceux victime d’intoxications par médicaments et drogues. Le risque est d’autant plus grand chez les personnes ayant consommé d'autres substances épileptogènes, telles que l’alcool, la cocaïne, les amphétamines, le L.S.D., la M.D.M.A. (ecstasy), le cannabis, ainsi que certains antidépresseurs (I.S.R.S.), antipsychotiques ou analgésiques (Acupan, certains opioïdes et paracétamol à très haute dose). De plus, l'hypoglycémie peut également induire des crises convulsives épileptogènes.
La difficulté pour le médecin est donc de déterminer quand administrer cet antidote. Il faut bien évidement avoir éliminer l’hypoglycémie (Trouble neuro = dextro) qui induit aussi des comas profonds. Mais il faut se poser la question d’une co-intoxications avec des substances pro-épileptogènes (l’alcool étant la plus fréquente).
Administration de Flumazénil :
- Voie d'administration : Flumazénil doit être administré par voie intraveineuse (I.V.).
- Concentration : Il est disponible sous forme de solution injectable à 0,1 mg/ml.
- Dose initiale :
- Adultes : 0,3 mg administrés en IVD en 15 secondes. Si l'effet désiré n'est pas atteint dans les 60 secondes, une dose supplémentaire de 0,1 mg peut être donnée. La dose totale maximale ne doit pas dépasser 1 mg, avec une dose habituelle de 0,3 à 0,6 mg.
- Enfants (plus de 1 an) : 0,01 mg/kg, jusqu'à 0,2 mg par injection. Des doses supplémentaires peuvent être administrées toutes les minutes, jusqu'à un maximum de 0,05 mg/kg ou 1 mg total.
- Surveillance : Il est important de surveiller l'état de conscience et la fonction respiratoire après administration. Si aucune amélioration n'est observée après 2 mg, cela suggère que la dépression du système nerveux central n'est probablement pas due aux benzodiazépines.
- Entretien de l’éveil : Une fois la dose minimale pour induire un réveil trouvée, l’administration en I.V.S.E. du Flumazénil peut être poursuivi à cette dose/heure (ex : 0.3mg/h) pour maintenir un état de conscience protégeant les voies aériennes. En effet, le Flumazénil a une demi-vie inférieure à celle des benzodiazépines.
Bien que le Flumazénil puisse offrir une protection des voies aériennes lors des intoxications par benzodiazépines, il est principalement reconnu pour son rôle diagnostique dans le cadre d'un coma. En effet, son utilisation permet de différencier les comas d'origine médicamenteuse dus aux benzodiazépines des autres étiologies, facilitant ainsi la prise de décision clinique appropriée.