D’un point de vue pharmacologique, la kétamine est mélange de deux énantiomères de deux isomères. D’une manière plus figurée, cela veut dire qu’elle est composée de deux molécules, qui sont symétriques par rapport à un axe. Les deux molécules sont composées des mêmes choses, mais elles ne sont pas superposables, et ne sont donc pas identiques.
- La forme 1 (l’isomère S) est responsable de l’effet analgésique
- La forme 2 (l’isomère R) est responsable de l’effet hallucinatoire
La kétamine agit comme antagoniste sur les récepteurs au glutamate de type N.D.M.A. et sur certains récepteurs opioïdes. Une fois dans l’organisme, les molécules de kétamine sont métabolisées par le foie en norkétamine, puis éliminée par le rein. D’un côté pratique, la kétamine doit être injectée en I.V.D. lente, sur une minute, afin d’éviter une concentration cérébrale trop rapide engendrant les bads trips
Grâce à son action sur le système nerveux central, la kétamine agit sur le système nerveux en déconnectant les voies de communication de la réponse douloureuse. De plus, elle provoque une perturbation visuelle et auditive voire des hallucinations, une sensation de décorporation (ne plus être dans son enveloppe corporelle). L’effet de sédation est superficiel par rapport à l’effet antalgique. On couple d’ailleurs très souvent la kétamine au midazolam. C’est pour cette raison, surtout en préhospitalier quand l’environnement est très bruyant, qu’il est important de limiter les stimuli extérieurs (cris, sollicitations multiples, gyrophares…). Dans les formes exceptionnelles, le patient peut présenter une catalepsie hypertonique : la personne est comme pétrifiée, les yeux ouverts.
D’un point de vue pratique et opérationnel, la kétamine est intéressante, même à forte dose car elle modifie peu l’hémodynamique et garantie une ventilation spontanée relativement efficace. Les réflexes de toux sont également conservés. Elle peut être utilisée dans l’intubation en séquence rapide des patients hémodynamiquement instable, ou comme antalgique majeur, en renforcement ou en remplacement de la morphine, afin d’éviter les situations d’oligoanalgésie.
Dans son utilisation, la kétamine a également différentes interactions avec les fonctions principales du corps :
- Avec la fonction respiratoire : la kétamine ne crée pas de dépolarisation respiratoire, sauf en cas d’injection trop rapide (un BAVU a portée de main peut être une bonne idée). Ses propriétés vasodilatatrices peuvent également être un atout dans l’analgésie du patient asthmatique. Un risque d’hyper salivation (hypersialorrhées) et hyper sécrétion bronchique peut causer un risque pour les voies aériennes (un aspirateur à mucosité est également à avoir à portée de mains).
- Avec la fonction cardiaque : la kétamine peut accélérer le rythme cardiaque et augmenter la tension artérielle ainsi que le débit cardiaque. Elle représente un intérêt certain dans la prise en charge de l’analgésie associée à un état de choc.
- Avec la fonction neurologique : l’utilisation de la kétamine peut causer une légère vasodilatation cérébrale, ce qui augmente le débit sanguin et provoque une augmentation de la pression intracrânienne, qu’il faut prendre en compte dans la gestion des A.C.S.O.S. Elle est donc peu recommandée chez le traumatisé crânien.
- Au niveau obstétrique : La kétamine passe la barrière placentaire et peu d’étude documentent les effets sur les fœtus. Elle est donc déconseillée pendant la grossesse.
Pour finir, la kétamine se retrouve souvent dans usage festif sous le nom de Spéciale K, Vitamine K (pas la même que la nôtre), Kit Kat ou encore Poudre d’ange… Elle est majoritairement sniffée ou injectée. Mais comme elle n’a pas de goût ni d’odeur, elle est employée à l’insu de la personne et doit donc être envisagée devant un tableau d’intoxication suspecte. Comme pour la plupart des intoxications aux médicaments ou drogues, les usagers recherchent un phénomène extrasensoriel ou des phases hallucinatoires précédent une phase d’apaisement. Les effets durent en moyenne 4 heures.