Contrairement à l'idée reçue : tout ce qui s'injecte ne se boit pas

FAUX !   AR-CHI-FAUX ! Nombreuses sont les personnes qui ont déjà entendu cet adage qui facilite la vie du soignant chargé d’administrer un médicament en I.V., mais pour qui la pose de V.V.P. a échoué. Mais la réalité du terrain est tout autre ! Et pour contredire une idée reçue si bien installé dans les esprits, on se devait de fournir une explication :

Avant toute chose il y’a une approche grammaticale de la phrase : «tout ce qui est injectable est buvable». On comprend alors que toute thérapeutique qui peut s’administrer en intra veineux, peut se donner par la bouche. Déjà à ce stade, certaines personnes émettent une nuance. Selon eux, la phrase serait exacte car le mot buvable s’entend ici par «capacité pour un produit à être bu, sans forcément garantir l’efficacité». Leur théorie repose donc, à juste titre, sur le fait qu’un médicament pourrait être ingéré, mais que les effets attendus seraient alors modifiés, voire anéantis. La distinction est donc faite entre «buvable» et «Per Os».

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Le sens sémantique de buvable est alors mis en avant, face à la pharmacodynamique d’un traitement. L’exemple le plus parlant serait celui d’un curare, qui pourrait être bu tout en sachant qu’il serait inefficace dans l’organisme, alors qu’en intra veineux, l’action est totalement différente. On pourrait alors penser que même en l’absence d’effet thérapeutique, l’absorption d’un médicament ne représente aucune toxicité pour l’organisme.

Mais en vérité la problématique ne s’arrête pas là. Certaines thérapeutiques peuvent être agressives envers l’organisme lors d’une absorption, alors qu’elles ont une utilité lors d’une administration par voie injectable. Par exemple les anthracyclines, une famille d’anticancéreux ou encore la phénytoïne, un anticonvulsivant, peut causer des lésions à type de brûlures au niveau du tube digestif (cavité buccale, œsophage ou reste du tube digestif), en raison d’un pH à 12. Cette caractéristique, entraine même une contre-indication à l’injection parentérale. La Cordarone® (Amiodarone), un anti arythmique, contient pour sa part un excipient : l’alcool benzylique. L’utilisation en mode dégradée de ce traitement, peut générer un risque (surtout chez les enfants de moins d’un mois).

En résumé, bien que cette idée reçue est ancrée dans l’esprit de bon nombre de soignant, elle s’avère inexacte, voire dangereuse. Comme le précise le document des H.U.G. : Pour être efficace par voie orale ou entérale, le principe actif doit pouvoir être absorbé par la membrane cellulaire du tractus digestif ce qui n’est pas toujours possible. Et précise également que : Administrer un médicament IV par voie orale ou entérale peut comporter différents risques. Divers critères pharmaceutiques doivent être évalués avant d’envisager une telle administration. Cette utilisation ne devrait se faire qu’en l’absence d’autres alternatives et avec l’accord du médecin en charge du patient. Le reste du document, apporte de nombreuses explications sur la pharmacodynamie des médicaments, ainsi qu’un tableau d’aide à l’adaptation au changement de forme galénique.

 L'idée reçue que tout ce qui s'injecte se boit est FAUSSE

 Il est parfois possible de modifier les modes d'administration d'un traitement après quelques adaptations (faisabilité ? dosage, dilution...)

Sources de l'article et de l'image
Actusoins :
https://www.actusoins.com

Pharmacie des H.U.G. :
https://pharmacie.hug.ch

Date de dernière mise à jour : 24/12/2023

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