Mais alors d’où vient cet EtC02 ? Il est obtenu par mesure appelé capnographie, qui consiste (de plusieurs manières possibles) à une mesure non invasive et continue, un enregistrement et un affichage graphique sous forme de courbe des variations de la concentration en CO2 dans les gaz respiratoires au cours d’un cycle respiratoire complet. Le résultat graphique obtenu s’appelle capnogramme et permet de fournir des informations sur le flux expiratoire et la qualité de la ventilation cellulaire.
D’un point de vue graphique, la courbe d’une capnographie peut se découper en quatre phases :
- Phase 1 : Partie du cycle respiratoire sans CO2. C’est le point 0 de la courbe, ou ligne de base, qui correspond à la fin de l’inspiration, juste avant l’expiration.
- Phase 2 : La courbe montre une ascension rapide : c’est la phase d’expiration et l’appareil commence à détecter du CO2. L’augmentation peut être plus progressive en raison du pourcentage de CO2 plus ou moins mélangé avec de l’air alvéolaire résiduel présent dans les alvéoles pulmonaires.
- Phase 3 : La phase de plateau alvéolaire représente l’élimination terminale et progressive des gaz alvéolaires riches en CO2. Elle monte en pente douce en raison d’une vidange inégale des alvéoles pulmonaires. Une perte de régularité dans la phase de plateau peut traduire un effort spontané du patient. La valeur de l’Et CO2 correspond à la valeur du pic de cette courbe. Physiologiquement, la valeur de l’EtCO2 est comprise entre 35 et 45 mmHg.
- Phase 4 : La chute brutale de la courbe traduit une inspiration, donc le début d’un nouveau cycle respiratoire. Le taux de CO2 chute brutalement puisque l’air est inspiré vers les voies respiratoires et ne relâchent plus de CO2.
D’un point de vue physiologique, la capnographie et la mesure de l’EtC02 permettent d’évaluer l’efficacité du processus physiologique respiratoire et circulatoire. Rappelons que physiologiquement, le C02 provient de la respiration cellulaire. L’oxygène doit donc pénétrer dans voies aériennes perméables, passer la barrière alvéolaire pour atteindre le sang. La respiration cellulaire consommant l’oxygène pour produire de l’énergie, elle relâche dans le sang du dioxyde de carbone qui sera évacué par la fonction respiratoire. En absence d’oxygénation, les cellules produisent des lactates, qui sont un marqueur d’hypoxie tissulaire. La capnographie peut donc être le reflet direct :
- De la perfusion de la ventilation pulmonaire
- De l’efficacité du flux sanguin (circulation)
- Du métabolisme cellulaire du C02
La mesure de l’EtC02 peut également donner des indications indirectes sur la qualité du débit cardiaque et comme marqueur précoce d’une dégradation de l’hémodynamique, à condition d’voir une ventilation pulmonaire constante et efficace.
Sur ces principes physiologiques, l’EtC02 peut avoir des applications multiples et dans divers secteurs : préhospitalier, urgences, bloc opératoire, S.S.P.I.… Son intérêt clinique peut avoir un intérêt pour :
- Evaluer le bon emplacement d’une sonde d’intubation et d’alerter devant une situation d’extubation accidentelle (ou d’un accident de connectique, possible pendant les phases critiques de brancardage). Une sonde d’intubation correctement positionnée doit alors donnée une courbe de capnographie physiologique régulière et continue. A l’inverse, l’œsophage ne contenant pas de C02, une erreur d’intubation ne donne pas de courbe de capnographie significative. Une courbe irrégulière peut quant à elle laisser supposer un placement proche de l’orifice glottique. L’absence d’une courbe régulière accompagnée d’une valeur d’EtC02 significative demande une réévaluation de la position de la sonde endotrachéale.
- Evaluer l’efficacité des gestes de réanimation lors d’un arrêt cardiorespiratoire (compression et ventilation) et de donner une prédiction de l’issue ou, au contraire détecter une reprise d’activité cardiaque spontanée. Une valeur inférieure à 10 mmHg au bout de 20 minutes de réanimation est l’un des critères décisionnels d’arrêt de réanimation.
- Evaluer et confirmer l’état des fonctions respiratoires et cardiaques des patients traumatisés, même dans le cas d’un traumatisme crânien.
- Faire un bilan des capacités ventilatoires (mais parfois également circulatoires) des patients souffrants d’une pathologie respiratoire chronique (asthme, B.P.C.O.,…). Certaines pathologies comme l’embolie pulmonaire ne montrent pas non plus une valeur d’EtC02 normale.
Surveiller par monitorage continu des effets (positifs) suite à la mise en place d’actions thérapeutiques ou des effets (négatifs) d’une dépression respiratoire secondaire à une analgésie, une sédation ou une intoxication aux médicaments et drogues.