Un service de triage des patients est donc nécessaire afin que chacun reçoive les soins adaptés dans un délai adapté et à l’endroit adapté. Ce tri s’effectue le plus souvent par un I.O.A (Infirmier(e) Organisateur(trice) de l’Accueil) accompagné parfois d’un médecin référent (M.O.A). Le rôle de cet I.O.A est d’attribuer une priorisation en se basant sur différents critères physiologiques et cliniques. Cette priorisation est essentielle car elle définit le délai maximal dans lequel le patient doit être vu par un médecin.
Devant la disparition de médecin à ce poste, maintenant confié quasi exclusivement aux infirmiers, la S.F.M.U. (Société Française de Médecine d’Urgence) a émis en 2018 une nouvelle grille de triage en remplacement de la grille de triage C.I.M.U (Classification Infirmière en Médecine d’Urgence) trop subjective et non reproductible. Afin que cette priorisation soit uniforme sur l’hexagone, Cette nouvelle grille s’appelle la grille Fr.E.N.C.H. triage. (French Emergency Nurse Classification in-Hospital triage). C’est cette grille qui fait foi en cas de litige.
La Fr.E.N.C.H. se découpe en 6 niveaux de priorisation : les 5 niveaux de la C.I.M.U. ont été repris, mais le niveau de triage 3, qui était particulièrement dense a été divisé en 2 niveaux : A et B. Ainsi, le triage selon la grille Fr.E.N.C.H. se compose ainsi :
- TRI 1 : Détresse vitale majeure. Consultation immédiate par un médecin. Patient avec un motif de recours présentant une menace du pronostic vital immédiate. Détresse vitale évidente sur le plan respiratoire, cardio-circulatoire et/ou neurologique.
- TRI 2 : Atteinte patente d’un organe ou lésion traumatique sévère. Consultation dans les 20 minutes par un médecin. Patient avec un motif de recours présentant menace du pronostic vital sur le court et moyen terme. Défaillance respiratoire, circulatoire, neurologique, métabolique… Il n’y a pas de détresse vitale immédiate mais un risque d’aggravation rapide important.
- TRI 3 A : Atteinte potentielle d’un organe ou lésion traumatique instable. Comorbidité(s) en rapport avec le motif de recours ou patient. Patient adressé par un médecin dans un service d’urgences dans les 24 h. Consultation dans les 60 minutes par un médecin. Patient avec un motif de recours ne présentant pas une détresse vitale, mais pouvant être grave et dont l’état de santé pourrait se dégrader si l’on ne fait pas les bonnes investigations ou les bons traitements. Ce tri ne reflète en aucune façon le niveau de douleur du patient.
- TRI 3 B : Idem que le Tri 3A. Patient sans comorbidité en rapport avec le motif de recours. Consultation dans les 90 minutes par un médecin. Patient avec un motif de recours ne présentant pas une détresse vitale, mais pouvant être grave et dont l’état de santé pourrait se dégrader si l’on ne fait pas les bonnes investigations ou les bons traitements.
- TRI 4 : Atteinte fonctionnelle ou lésionnelle stable. Consultation dans les 120 minutes par un médecin. Patient avec un motif de recours ne menaçant pas le pronostic vital. Il existe néanmoins une atteinte lésionnelle ou fonctionnelle stable nécessitant 1 ou 2 actes hospitaliers.
- TRI 5 : Pas d’atteinte fonctionnel ou lésionnelle évidente. Consultation dans les 240 minutes par un médecin. Patient avec un motif de recours ne menaçant pas le pronostic vital. Il n’existe pas de lésion fonctionnelle ou lésionnelle. Ce sont des patients qui nécessite généralement plus une évaluation que des actes hospitaliers.
Il est à noter qu’il n’y a pas de priorisation prévue pour les patients hyperalgiques. Il est considéré que la gestion de la douleur doit être faite dès l’accueil selon les protocoles de service. Toutefois, de nombreux services utilisent un outil informatique permettant signifier un patient particulièrement douloureux, comme un astérisque (*) à côté du tri, un tag, une note… pouvant justifier d’une priorisation.